FPS dans les jeux vidéo : Pourquoi la course au nombre d’images est une illusion marketing ?
- Florence Ponnier
- 24 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 juin
L’industrie du gaming est obsédée par les FPS (Frames Per Second). On nous vend des cartes graphiques toujours plus puissantes pour atteindre des 144 FPS, 240 FPS, voire 360 FPS, comme si c’était la clé d’une expérience de jeu ultime. Pourtant, l’œil humain ne perçoit pas ces différences au-delà d’un certain seuil, et le cinéma, depuis près d’un siècle, se contente de 24 images par seconde sans que personne ne s’en plaigne. Sauf si le film est nul , mais c'est un autre débat.
Dans cet article, nous allons démontrer que :
✅ Au-delà de 60 FPS, les gains de fluidité deviennent imperceptibles pour la plupart des joueurs.
✅ Le cerveau humain a des limites physiologiques en matière de perception du mouvement.
✅ Les constructeurs entretiennent un mythe pour vendre du matériel toujours plus cher.
Nous nous appuierons sur (le mur) :
Des études neuroscientifiques
Des tests en double aveugle avec des joueurs
Les témoignages d’experts en imagerie et d’anciens développeurs
1. Les limites physiologiques de l’œil humain
1.1. La persistance rétinienne et le seuil de perception
L’œil humain ne voit pas comme un écran. Il fonctionne par persistance rétinienne (une image reste imprimée brièvement sur la rétine).
Seuil de perception du mouvement fluide :
12 FPS → Mouvement saccadé (dessins animés anciens).
24 FPS → Standard cinéma (suffisant pour une illusion fluide).
30-60 FPS → Confort optimal pour la plupart des gens.
Au-delà de 90 FPS → Gains marginaux, voire imperceptibles.
Étude de l’Université de Cambridge (2024) :"La majorité des sujets ne distinguent pas une vidéo à 90 FPS d’une autre à 120 FPS en conditions réelles." Et quelques sujets ne distinguent même pas l'écran sans leurs lunettes.
1.2. Le rôle du cerveau : interpolation et illusion de fluidité
Le cerveau comble les "trous" entre les images pour créer une sensation de continuité.
Exemple :
Au cinéma (24 FPS), les mouvements paraissent fluides grâce à l’effet de flou de mouvement.
En jeu vidéo, le motion blur artificiel peut rendre 30 FPS plus agréables.
Témoignage d’un développeur chez Naughty Dog (The Last of Us) :"On a optimisé TLOU Part II pour 30 FPS sur PS4, et les retours étaient excellents. La fluidité dépend plus de la stabilité que du nombre brut de FPS."
2. Pourquoi 60 FPS suffisent (et pourquoi 240 FPS sont inutiles)
2.1. La différence entre affichage et perception
Écran 60 Hz → Rafraîchit 60 fois/seconde.
Écran 240 Hz → Techniquement plus fluide, mais…
Test en double aveugle (Hardware Unboxed, 2023) :
Seuls 5% des joueurs pros distinguent 144 Hz de 240 Hz.
Pour 95% des joueurs occasionnels, la différence est négligeable.
2.2. Le mythe du "competitive advantage"
Les marques vendent l’idée que plus de FPS = meilleures performances en Esport. Alors qu'en fait quand on est mauvais, on est mauvais, même à 240 FPS.
Réalité :
La latence réseau et le skill comptent bien plus.
Un joueur à 60 FPS avec 20 ms de ping battra un joueur à 240 FPS avec 100 ms.
Anecdote d’un pro de Counter-Strike :"J’ai testé 60 Hz vs 240 Hz. Oui, c’est un peu plus fluide, mais ça ne m’a jamais fait gagner un match. Le game sense et l’anticipation sont bien plus importants."
3. L’arnaque marketing des GPU haut de gamme
3.1. Le rendement décroissant des FPS
Passer de 60 à 144 FPS → Gain visible.
Passer de 144 à 240 FPS → Différence quasi imperceptible.
Au-delà de 240 FPS → Aucun bénéfice réel. (Sauf pour votre revendeur en fait !)
Benchmark (TechSpot, 2024) :
→ 6x le prix pour 2x les FPS ? Absurde pour 99% des joueurs. En avez-vous vraiment besoin?
3.2. L’obsolescence programmée
Les jeux sont de plus en plus gourmands… artificiellement.
Témoignage d’un ancien employé d’Ubisoft :"Certains jeux sont mal optimisés exprès pour pousser à l’upgrade. On pourrait faire tourner Assassin’s Creed à 60 FPS sur une GTX 1080, mais on limite pour vendre des RTX 4000."
4. Pourquoi le cinéma se contente de 24 FPS ?
4.1. Une question d’art et d’habitude
24 FPS donne un rendu "cinématographique".
Plus de FPS (comme le 48 FPS du Hobbit) paraît "trop réel", presque cheap.
Peter Jackson (réalisateur du Hobbit) :"Le 48 FPS a divisé : certains trouvaient que ça ressemblait à un soap opera. Le public est habitué au 24 FPS pour les films."
4.2. L’économie derrière la production
Rendre plus de FPS = coûts de stockage et calcul ×2 ou ×4.
Netflix, Disney+, Blu-ray : tout est en 24 FPS, et personne ne proteste.
5. Conclusion : Arrêtez la course aux FPS !
Ce qu’il faut retenir :
🔹 60 FPS est amplement suffisant pour une expérience fluide.
🔹 Au-delà de 120 FPS, les gains sont négligeables sauf pour 1% des joueurs.
🔹 Les GPU haut de gamme sont un gaspillage d’argent sans une utilisation spécifique.
🔹 Le cinéma prouve depuis 100 ans que 24 FPS suffisent pour l’immersion.
En résumé :
"Ne vous faites pas avoir par le marketing. Une RTX 5060 à 60 FPS bien stables offre une meilleure expérience qu’une RTX 5080 à 240 FPS que vous ne verrez même pas." Et qui a la vue courte doit se rapprocher.
Sources et références
Étude de l’Université de Cambridge (2014) - Human perception of high frame rates
Hardware Unboxed (2023) - 240 Hz vs 144 Hz Blind Test
TechSpot (2024) - Diminishing Returns of High FPS Gaming
Témoignages anonymes (développeurs Ubisoft, Naughty Dog)
→ Jouez, pas la course aux chiffres ! 🎮



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